Après l’accouchement, l’allaitement : récit d’une mise en place compliquée

Aujourd’hui, je m’en viens vous raconter la suite de l’accouchement. Encore une fois, les non intéressés peuvent passer leur chemin 😉

Après l’accouchement

Après que la puéricultrice ai fait une petite beauté à notre puce, pesée, mesurée, nettoyée de ses glaires, le temps est venu de faire du peau à peau. Elle me dépose donc cette adorable petite chose toute frêle, toute fragile, tout contre mon sein.

L’hôpital Joseph Ducuing à St Cyprien est connu pour être pro-allaitement et dans cette optique, laisse les mères et leurs enfants pendant deux heures en salle de naissance histoire de faire du peau à peau … et de faire la première tétée.

Première tétée qui je peux vous avouer, était tout autant redoutée que désirée : en effet, l’allaitement est quelque chose qui me tient particulièrement à cœur.  Et c’est ainsi que très rapidement, ma petite goulue a bougé sa tête, façon missile à la recherche de sa cible, tête chercheuse reniflant et sentant le lait (avec un bruit à la The Walking Dead). Et hoooop, une petite qui attrape mon téton avec l’aide plus ou moins délicate de la puéricultrice, et c’est parti pour faire sortir le colostrum !

Et comme je le redoutais … une douleur indescriptible et accompagnée d’un bonheur immense de voir cette petite fille accrochée à la vie tétant frénétiquement.

Pour un petit topo sur ma personne, je vous avoue que je suis une sensible du téton, une fragile du gros titou : dès qu’il fait froid, je douille, quand je râpe avec de la dentelle de soutien-gorge, ça me fait criser. Autant vous dire que de voir coller une petite bouche suçotant avidement le lait situé dans mes seins était quelque chose que j’appréhendais énormément. Sans compter sa toute petite tête face à mon énorme titou !

Les débuts de l’allaitement et les positions

Et c’est ainsi que commença mon allaitement. Douloureux à chaque tétée, Yuna qui pince parce qu’elle a du mal à prendre le titou dans sa bouche (sa petite lèvre inférieure étant feignante et voulant rester à l’intérieur). Les sages-femmes passent m’aider, lui mettre mon téton dans la bouche (avec plus ou moins de délicatesse). Du début jusqu’à mardi matin, j’utilise la position de la Madone.

madone

Et malheureusement, les crevasses arrivent presque de suite, les douleurs, toujours présentes, et maintenant, j’appréhende chaque tété. On me dit de me pincer le sein pour que le colostrum sorte et que je me masse le bout des tétons avec mais je n’y arrive pas. Toucher le bout du sein m’est insupportable. En attendant,j’enduis mes tétons de Lansinoh, recommandée par mon amie de la Leche Ligue. Après avoir passé un lundi soir compliqué, le mardi matin une sage-femme un peu rude mais très pro  m’explique que la petite ne parviendra pas à prendre mon sein avec cette position et me suggère donc d’essayer celle du « ballon de rugby ». Quoi de plus normal pour une petite toulousaine ?

ballon de rugby

Alors, je ne vais pas dire que lorsque j’ai commencé cette position, les douleurs ont disparu mais ce qui est clair, c’est qu’à partir de ce moment-là, les crevasses ont cessé de se former, et ont arrêté de s’agrandir. Après avoir tété frénétiquement le mardi, voilà que mardi soir, la montée de lait arrive, jaillissant de mes seins à flot continu (j’exagère à peine).

L’alerte rouge (enfin, blanche)

Et là, catastrophe pour elle et moi : à partir de ce mardi soir et jusqu’à mercredi matin, la petite refuse de téter. Chaque fois que je lui mets le sein dans la bouche, elle crie, commence à téter puis s’arrête, hurle de nouveau, se débat, griffe (parce qu’on dirait Wolwerine, notre petite !). En appelant une des sages-femmes de garde de la nuit, celle-ci m’a dit qu’elle ne sait pas ce que Yuna veut et que je n’ai qu’à lui donner le biberon.

Le biberon.

Le biberon quoi !! Merde, j’ai souffert jusque là, ce n’est pas pour donner le biberon à ma fille ! Elle aurait pu me proposer le tire-lait, quelque chose, autre chose … J’ai bien senti que mes appels l’emmerdaient du coup, de la nuit, j’ai décidé d’arrêter d’appeler les sages-femmes, j’avais vraiment trop peur qu’on me donne un biberon de lait artificiel …

Et résultat, le lendemain matin, la miss n’ayant pas mangé de la nuit, a perdu plus de 10% de son poid +30g. Les sages-femmes du matin viennent m’avertir que si la petite n’a pas repris dans la journée, il va falloir compléter au tire-lait (ouf !) et qu’on ne pourra pas sortir le lendemain. Après vérification par elles, la petite tète bien, déglutit correctement … le souci vient de moi ? :-/ On me dit que la montée de lait excite les bébés et qu’ils peuvent réagir comme la mienne, ne pas prendre le sein. J’apprends par dessus ça que j’ai un REF (Réflexe d’Ejection Fort) qui explique pourquoi la petite commençait mais arrêtait en s’agitant et hurlant.

Bref, on est pas dans la caca.  Mot d’ordre des SF : lui donner le sein toutes les 3h, si elle s’endort, la changer, le bouger, la réveiller, lui donner l’autre sein. Il faut qu’elle prenne du poids, bordel !

Le soulagement puis enfin, la délivrance

Du coup, le téléphone branché pour sonner toutes les 2h, nous voilà partis ensemble, Guillaume en supporter du petitstadetoulousainyunesque, Yuna en canard et moi en gaveuse, à faire du foie gras de cette petite fille. Une journée marathon, entièrement dévouée à cette petite pour qu’elle prenne du poids… et hop ! A la fin de la journée, le moment fatidique de la pesée : elle a pris 60g ! Les sages-femmes sont rassurées, me signalent qu’il faut continuer comme ça pour qu’elle prenne du poids mais qu’on peut le prendre moins crispé.

A la pesée du lendemain matin, si elle a repris assez, nous serons autorisés à rentrer chez nous. Les sages-femmes de la nuit arrivent, se présentent, nous discutons quelque peu des difficultés de la veille au soir, elles me font bien comprendre de ne pas hésiter à les contacter si la situation de la veille se reproduit. On ne me reproposera pas de biberon !

Jeudi matin, elle a encore pris du poids : nous avons l’autorisation de sortie et enfin, nous rentrons dans notre chez nous vers 15h. Ouf !

Moi qui redoutait de partir de la maternité, je suis soulagée et heureuse de rentrer chez moi : mon mari, ma maison, mes affaires, ma vie … 5 jours à l’hôpital, c’est trop long !

Le retour à la maison : début de nouvelles préoccupations

L’allaitement reste compliqué pendant 15 jours : je lui donne le sein à la demande, et même si les crevasses disparaissent, c’est toujours douloureux de le lui donner. De moins en moins cela dit, comme toutes mes amies ont pu me le prédire.

Le problème qui se présente maintenant n’est pas tant la douleur que … la prise de poids. Une sage-femme vient le lendemain de la sortie peser la petite et nous informe que celle-ci doit avoir repris son poids de naissance dans les 15 jours suivant celle-ci. Et on est loin du compte ! Mademoiselle est une petite feignante qui ne prend pas assez. Elle tête, mais à priori, pas efficacement. Elle tête, puis s’endort. Je la réveille, elle se rendort. Elle ne prend pas, mais prend mon sein toute la journée et la soirée. D’où vient le souci ? J’en viens à douter de l’allaitement, de la quantité de lait, j’en viens à douter de moi. Heureusement, les amies, les groupes Facebook sur l’allaitement, le site de la Leche Ligue, la réunion où j’étais allée précédemment, tout ça m’aide à relativiser et à persévérer.

Plusieurs facteurs sont là pour nous rassurer et nous dire que même si elle ne prend pas beaucoup de poids, nous sommes sur la bonne voie :

  • elle est vive, bien éveillée
  • elle a une jolie peau, bien rebondi
  • elle nous fait des couches bien remplies, de pipi, de caca jaune d’or, 6 à 8 couches par jour
  • elle tète toute la journée, entre 16 à 20 tétés par jour, d’une durée variable (entre 10 et 30min)

Je télécharge une application sur le téléphone nommée « Allaitement Maternel » qui me permet de noter l’heure, la durée de la tétée, et quel sein a été machouillé. Le danger avec cette application, c’est un peu la psychose : « putain mais elle a tété 22 fois aujourd’hui ! » et l’agacement qui suit le soir quand elle veut encore téter.

allaitement maternel application android J’ai arrêté depuis de l’utiliser pour moins me prendre la tête. J’utilise un bracelet que je switche de bras en bras à chaque fois que je lui donne le sein, je ne me fixe plus sur la durée, et sur le nombre. Résultat, je le prend un peu plus zen et suis moins énervée le soir (même si elle, est toujours énervée :-p )

Dans la foulée, je décide de louer un tire-lait : je ne voulais pas le faire avant le milieu du deuxième mois mais la sage-femme passant à la maison nous l’a conseillé si elle ne prend pas suffisamment de poids (en effet, 10 jours après sa sortie, elle est à peine 10g par jour, ce qui n’est pas normal …). Une amie me le conseille également, alors, c’est parti. (je reviendrais dans un autre post sur le tire-lait). kitett physio

Un autre danger pointe le bout de son nez : la pesée. Parraine nous a prêté une balance, et du coup, nous en sommes arrivés à la peser tous les jours pour contrôler son poids. Un peu une psychose qui s’installe (a-t-elle pris ? assez ? pas ?) à coup de déprime quand on voit qu’elle n’a pas pris beaucoup, et de victoire quand elle a bien pris. On a aussi décidé d’arrêter de la peser tous les jours, pour passer à tous les 2 jours (y’a du progrès, non ? :-p) pour progressivement la peser une fois par semaine (ce qui serait le plus évident).

Et pour finir, rendez-vous chez l’Ostéopathe pour vérifier que tout est place chez cette petite. Beaucoup de personnes dans notre entourage nous a conseillé d’aller en voir un, qui sommes-nous quand la terre entière nous le conseille ? Celui-ci la touche de partout, elle est sage, tranquille, et à la fin de la séance, il me dit que normalement, les tétés devraient être plus efficaces.

Après un mois de vie commune avec cette petite princesse

Cela fait donc presque 1 mois (demain !) que la miss est née : l’allaitement continue, on lui donne un biberon de 45ml de lait maternel tous les deux jours (quand j’ai pris le temps de tirer en fait).

Fruit des manipulations de l’ostéopathe, ou biberons venant en complément, mademoiselle a repris du poil de la bête et nous a fait du 36g par jour depuis 8 jours. Elle a donc repris une bonne courbe, et ça, ça nous rassure graaave !

Ce que je retiendrais donc de la mise en place de cet allaitement :

  1. Non, l’allaitement ce n’est pas simple, mais il faut persévérer
  2. Toutes les sages-femmes dans les hôpitaux ne se valent pas : certaines sont en or, d’autres en carton pâte.
  3. Penser à changer la position du bébé si l’allaitement est douloureux : dans mon cas, il n’y a pour le moment que la position du ballon de rugby qui fonctionne, j’ai réessayé celle de la madone, c’est trop douloureux.
  4. Ne pas hésiter à discuter sur des forums, poser des questions, aller dans des réunions de Leche Ligue : les mères sont de bons conseils, supportives, rassurantes, humaines et ça, c’est bon pour le moral
  5. l’Ostéopathe, c’est une vraie bonne idée, pour elle, et pour vous (j’ai fait un petit tour chez lui avant de le laisser toucher ma fille)
  6. C’est douloureux, mais ça disparait au fil des semaines (1 mois plus tard, je n’ai quasiment plus mal). Et voir les grands yeux de ma petite puce grands ouverts pendant qu’elle mange … c’est un magnifique cadeau à chaque tétée.
  7. L’allaitement, c’est l’offre et la demande : la petite demande, il faut lui donner. Même si c’est à 2h, puis 3h, puis 5h du matin et qu’on est là et qu’on lui dit : mais arrêêêêêête, j’ai sommeeeeeeeil
  8. A la montée de lait, le bébé peut s’exciter et refuser le sein. Ne pas s’impatienter, ne pas faire de crise de nerf, demander de l’aide aux sages-femmes en espérant que ce soit celles en or.
  9. Si on n’a pas de douleurs à la montée de lait, ni après, ce n’est pas qu’il n’y a pas assez de lait : c’est normal, certaines femmes (comme moi) ne souffrent pas des seins lorsqu’ils sont plein de lait (je touche du bois pour que cela continue le plus longtemps possible)
  10. Le REF existe : la solution consiste à se masser le sein pour faire sortir le lait qui sort trop fort, avec un coton au bout pour le lait qui sort (ou mieux, tirer son lait pour le conserver pour plus tard). Ca marche pour moi, c’est pour ça que je me permet de donner ce conseil 🙂
  11. Le poids : il ne faut pas psychoter dessus. C’est facile à dire, et pas facile à faire. Le tire-lait est un bon moyen de se rassurer quand le soir, alors qu’on lui a donné le sein toutes les demi-heures, elle réclame encore et que le père peut prendre le relai pour un petit biberon. Ça sauve les nerfs. Et ça permet au père de prendre un rôle en lui donnant à son tour à manger ( et c’est trop chou de les voir tous les deux).

Et voilà mon retour sur l’allaitement, au bout d’un petit mois ! Et vous, des choses à rajouter, des difficultés rencontrées lors de la mise en place de l’allaitement ? Des conseils à me donner ?



2 thoughts on “Après l’accouchement, l’allaitement : récit d’une mise en place compliquée”

  • Superbe récit et quelle belle expérience tu nous fais partager! Tu décris très bien ce que peut être l’allaitement, et je crois que toutes celles qui allaitent ou ont allaité peuvent se retrouver dans ton récit. En ce qui me concerne j’utilise la position de la madone en journée mais pour les nuits j’adore donner le sein allongée, mon bébé contre moi ce qui nous permet de terminer la nuit l’un contre l’autre. L’allaitement est pour moi tellement magnifique mais c’est vrai qu’il n’est pas simple ni sans douleur au début mais quoi de plus naturel! A très bientôt pour rencontrer votre petite merveille
    bisous
    Mag

    • tu as raison, au final, c’est tellement bien ^^ Malheureusement pour moi, comme pour la madone, la miss ne prend pas bien le sein allongé :-p Heureusement qu’il existe cette position du ballon de rugby ! Je me dis qu’en grandissant, la miss pourra peut-être y arriver correctement 🙂 A très bientôt pour que les bébés se rencontrent, et qu’on se voit aussi !

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